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La Rumeur fustige les dérives du rap français

20/05/2011

Ekoué et Hamé, deux membres fondateurs du groupe de rap La Rumeur, interviewé par Thomas Monnerais dans Le Monde de ce soir, daté du samedi 21 mai 2011 (à noter, cette information étrange donnée par le journaliste : Hamé est titulaire d’un DEA de cinéma et Ekoué est diplômé de Sciences Po Paris — comme si Le Monde avait l’habitude de lister les diplômes des personnalités interviewées dans ses pages…) :

« Moi, je respecterai un slameur le jour où il se fera attaquer par le ministère de l’intérieur », déclare Hamé. En 2002, il est accusé par le ministère, alors dirigé par Nicolas Sarkozy, d’avoir diffamé la police dans un article paru dans le fanzine La Rumeur magazine. Huit ans d’instruction et cinq procès plus tard, la justice l’a relaxé.

« Il n’y a pas de subversion dans le slam, ça ne dérange pas. Ça ne dit rien, c’est de la musique d’ascenseur », affirme Hamé. […] Et d’enchaîner : « La montée en puissance du phénomène slam, c’était tout de suite après les émeutes, en 2005. À partir de 2006, le slam devient le volet fréquentable des musiques urbaines. » Autrement dit, l’émergence de Grand Corps Malade et d’Abd Al Malik a porté préjudice à la véritable culture hip-hop. […]

Hamé et Ekoué évoquent […] une pratique qu’ils disent de plus en plus répandue dans le rap français, le ghost writing, équivalent du « nègre » en littérature. « On voulait montrer qui travaille réellement, comment les produits se font, se construisent, se fabriquent. Dans le rap, un MC — maître de cérémonie — qui n’écrit pas ses textes n’a plus aucune crédibilité », affirme Hamé […].

Aux États-Unis, où le rap est identifié comme un genre commercial parmi d’autres, le ghost writing est une pratique revendiquée. Preuve en est ce vers de P. Diddy, rappeur-producteur new-yorkais aux 75 millions de disques vendus, dans son morceau « Bad Boy For Life » : « Ne vous souciez pas de savoir si je signe des rimes, je signe des chèques. » Une phrase que l’on doit justement à son ghost writer. « Dans le rap bling-bling, le débat ne se pose même plus, c’est tout à fait courant. C’est un signe de la “variétisation” du rap », regrette Hamé.

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